Swans Commentary » swans.com 6 septembre 2010  

 


 

 

Swans en français

 

Défiance d'entrée
 

 

Ksavijer

 

 

 

 

« Il n'est pas de remède contre la clairvoyance : on peut prétendre éclairer celui qui voit trouble, pas celui qui voit clair ».

—Clément Rousset, In Le réel. Traité de l'idiotie, Editions de Minuit, 1977.

 

(Swans - 6 septembre 2010)   C'est entendu, la chevauchée fantastique du bouc-émissaire est un sport estival prisé. Plus qu'aux faits divers, soyons attentifs un tant soit peu à ces faits d'été. Pensons ainsi à la propagation de différents arrêtés anti-vagabondage (1) et anti-mendicité de ville en ville (2) durant les périodes estivales entre 1993 et 1996. Plus récemment, en juillet 2006, une nouvelle loi relative à l'immigration et l'intégration était votée, (3) le trente-cinquième changement législatif en la matière depuis 1950. Il en va ainsi des passages à l'acte législatifs (sur la délinquance, sur la psychiatrie, sur l'immigration) (4) visant à rassurer ceux qui ne pensent qu'à se protéger des autres, ce que Denis Salas a nommé le « populisme pénal ». (5)

C'est avec un peu de retard (6) dans cette frénésie législative, qu'un nouveau projet de loi se travaille pendant cet été. Il sera présenté fin septembre à l'Assemblée, où il devrait être question des conditions de la déchéance de la nationalité française. (7) Tout comme il est prévu pour cette rentrée une réforme de l'Aide Médicale d'Etat, dispositif qui garantit une prise en charge des soins pour les sans-papiers.

Ainsi chaque été a son tour de vis sécuritaire alimentant un climat paranoïde propice à « la définition d'un ennemi bien focalisé ». En cette période de l'année, certains discours politiques plus relâchés, et leurs relais médiatiques, participent à une entreprise infamante d'étiquetage du « mauvais pauvre » alimentant ainsi sa stigmatisation. (8) La figure des Roms, extraite de la masse des exclus, récolte ainsi tous les déshonneurs du traitement politique et médiatique de cet été 2010. La cause est entendue, cette année nous aurons droit à la chasse aux Roms. Les clairvoyants l'ont décrété.

La storytelling (9) version « feuilleton de l'été » nous est servie et va nous être imposée : les ingrédients sont là, les déclarations incendiaires des porte-paroles aux compétences narratives (pourtant peu crédibles, tant ils ont déjà raconté des histoires), les successions de séquences prévues permettant de maîtriser l'agenda médiatique (10) et de capter l'attention (démantèlement de camps filmés à l'aube, gros plan sur la montée dans l'avion « spécialement affrété » des personnes reconduites, reportages sur leur arrivée dans leur pays d'origine) les chroniques et commentaires des faits et gesticulations, des effets d'annonce des principaux protagonistes politiques (11) à grand renfort de conférences de presse.

Dans un climat de suspicion à l'égard de l'Autre, de méfiance attisée et d'incertitude généralisée, avec une forte pression électoraliste, la recette entretenue par des faiseurs d'opinion puissants a quelques solides raisons de fonctionner. La ficelle a déjà servi.

Considérant que la confiance est une attitude imprégnant le comportement, plus précisément une attitude d'assurance (assurance vis-à-vis de soi, des autres, du monde, de l'avenir), on a tôt fait d'observer que les conditions requises pour que confiance soit faite à ces personnes ne sont pas réunies dans le contexte actuel. Les temps ne sont pas à risquer sa confiance. D'entrée de jeu c'est la défiance qui prime : la confiance devient ainsi un résidu, c'est-à-dire ce qui reste quand on n'a trouvé aucune raison décisive de se méfier. (12)

En effet, les conditions de possibilité d'un faire-confiance réciproque sont très sensibles à ces ambiances, sans compter qu'elles dépendent également, Hobbes le soulignait déjà, du régime politique existant et plus largement du type d'institutions que se donne une société. Sachant qu'une des sources de la confiance est l'expérience mais aussi l'interconnaissance, on ne peut pas dire que le quidam soit très au fait, pratiques d'évitement et ignorance ordinaire (sur leurs cultures, traditions) (13) obligent, de ce qui caractérise les Roms. Quand la défiance entre en jeu, la sensibilité aux effets de réputation lui est fortement perméable. Ainsi, existerait-il une forme de « confiance catégorielle » (14) ; laquelle « consiste à régler l'accord de la confiance sur une connaissance des propriétés générales attribuées aux membres d'un groupe ou d'une catégorie donnée, ou sur celle des valeurs et des normes réputées régler leurs comportements ». Compte tenu de la limitation de notre connaissance, nous devons avoir recours à des dispositifs de confiance. (15) En effet, nous ne pouvons pas être compétents dans tous les domaines, nous dépendons donc des autres et nous sommes obligés sinon de leur faire confiance, du moins de nous en remettre à eux ; nous fixons nos croyances à partir de ce qu'ils nous racontent, nous expliquent, basons nos actions et nos raisonnements là-dessus. Et en matière de connaissance des Roms, à part quelques dispositifs confidentiels, (16) on est aux prises avec une entreprise institutionnalisée de défiance, (17) convertissant ainsi la figure des Roms en tiers indigne de confiance.

Or en période de précarité et d'insécurité, la paranoïa sociale est exacerbée pour ne pas dire excitée : « la confiance se transforme en méfiance. On le voit devant les définitions de plus en plus précises des ennemis, réglées par des lois (...) concernant l'étranger, le marginal, le malade mental, les jeunes. Appelons paranoïa sociale cette capacité naïve de l'individu et du groupe à projeter l'intolérable à l'extérieur. » « Dans un monde de toute façon globalisé, les processus projectifs - ce qui permet l'instauration de rituels collectifs visant à laisser au-dehors ce qui doit l'être - se déploient (...) comme une base de toute psyché collective. » « Fait important, ces processus peuvent s'exacerber en situation de précarité, ce qui se passe actuellement, et attaquer la confiance et le contrat social organisateurs de consensus. Dans ces conditions, le clivage entre le bon et le mauvais, l'ami et l'ennemi, se renforce et transforme les modalités de l'action politique : la projection au-dehors tend à se fixer, à se rigidifier, à s'intensifier, avec une multiplication diffuse du dangereux ». (18)

Les Roms redeviennent ainsi d'actualité (19) : on assiste à l'advènement (20) de ce qui est imposé comme un « problème social » (21) et à la cristallisation de ces mauvais objets réifiés (des différences irréductibles leur étant prêtées). On les constitue dans l'ordre de la menace : Les Roms comme opérateurs d'insécurité, « persécuteurs imaginaires ». (22)

Plus de 50 camps (appropriation d'un espace particulier transformé en quasi domaine privé considéré comme repaire communautaire) auraient été démantelés (on parle plus aisément d'évacuation). (23) De la même façon que les arrêtés anti-mendicités, ces pratiques sont constitutives de gestes urbains qui « visent à proscrire de l'espace public ceux qui sont supposés déranger le bon usage des lieux », (24) quand bien même, sont-ce des lieux qui ne sont pas désirables par d'autres. Alors que leur présence est tout juste tolérée quand elle s'inscrit discrètement sur des bouts de territoires nichés dans les interstices de la ville, leur occupation des espaces considérés comme stratégiques, notamment au sein de certains espaces publics - dans les métros, aux carrefours, au cœur des centres-villes - est beaucoup plus contestée.

Ce sont quelques 700 Roms qui devraient être « raccompagnés - de façon incitative » (25) - dans leur pays. En réalité, il s'agit plutôt de la seule alternative à une expulsion plus contraignante : entre partir avec une aide ou partir sous contrainte, le non-choix est vite fait. Ce faisant, on retrouve trace de « la préoccupation ancestrale de l'appartenance du pauvre à un lieu et sa prise en charge par sa commune (ici, son pays) d'origine. L'errant est ainsi coupable de n'avoir aucun lieu et de refuser tout lien, celui-ci est donc jugé responsable de son état et de sa marginalisation ». (26)

Tout semble d'ailleurs opérer comme si en période d'insécurité sociale avancée, avec une peur du déclassement, (27) la figure du SDF (28) du coin de la rue qu'incarne un acteur isolé devenait plus familière et menaçante. (29) Dans le même temps, même si l'opinion publique - si l'on admettait qu'elle puisse exister - semble effectivement avoir peur des risques de contagion de la précarité que le Sans Domicile Fixe personnifie, il semble désormais que soit plus volontiers prêtée une attitude d'innocuité à cet outsider, prisonnier qu'il est d'une forme de résignation. Un peu plus, et il mériterait l'aumône.

En revanche, ces dernières semaines sont propices à la convocation et à la fusion de la figure du vagabond et du mendiant plus étrangère, (30) qu'incarne un acteur collectif, les Roms et leur regroupement dans des baraquements relégués dont la mise à nu nous révèle précisément le dénuement.

Rappelons ici la définition de la mendicité que donnait l'article 274 de l'ancien Code pénal : « S'adresser à la charité ou à la bienfaisance dans le but d'obtenir un secours tout à fait gratuit et pour lequel on n'offre en échange aucune contre-valeur appréciable ». L'article 270 quant à lui définissait le vagabond, alors appelé aussi « gens sans-aveu » comme étant « ceux qui n'ont ni domicile certain, ni moyens de subsistance et qui n'exercent habituellement ni métier ni profession ». C'est peu ou prou, ce que dans l'imaginaire collectif, il est précisément reproché aux Roms, c'est-à-dire une absence de résidence fixe autorisée engendrant une inscription territoriale labile (sans lien avec le territoire local, voire national) et souvent l'absence de travail. (31) Très vite, c'est-à-dire quand les ressortissants roumains ou bulgares sont depuis moins de trois mois en France, le droit de circulation et de séjour peut être limité si les personnes enfreignent la législation sur le droit du travail, constituent une menace pour l'ordre public ou présentent « une charge déraisonnable pour le système d'assistance sociale français, notamment l'assurance maladie et l'aide sociale ». (32) L'expression « charge déraisonnable » est lâchée, reprise, répétée, créant en cela un effet de réalité : les Roms sont, de façon explicite ou non, associés à cette notion, faisant ainsi l'objet d' « une présomption de culpabilité de pauvreté ». (33) Ils seraient ainsi susceptibles de profiter des largesses sociales, de contracter une dette sociale. Il est pourtant constaté que les Roms n'ont pas particulièrement recours aux aides sociales. Dans les faits peu d'entre eux disposent de droits ouverts à une couverture maladie. (34) À travers le spectre que constitue cette notion de « charge déraisonnable », l'interdépendance et la cohésion sociales du « faire société » sont dès lors des principes déstabilisés, pour ne pas dire affaiblis. Dans la mesure où ces personnes ne contribueraient pas à la richesse collective, ne seraient pas même autosuffisantes, pourquoi faudrait-il payer pour elles, pourquoi leur ferait-on confiance ? Les Roms seraient dès lors décrits comme « des populations en faveur desquelles la solidarité est illégitime, soit parce qu'elles sont étrangères, soit parce qu'elles s'installeraient dans l'assistanat et la passivité ». Comme on l'a noté, les Roms « incarnent et unifient dans le champ des représentations collectives la double figue du pauvre et de l'étranger quémandeur (...) ce qui permet de [leur] dénier tout droit au bénéfice de la solidarité ». (35)

Dans ces conditions, lorsque l'on finit par percevoir cette population avec des attributs dépréciatifs, alors le raccourci s'opère, l'amalgame Roms = étranger + quémandeur + profiteur + squatteur se rigidifie. Ainsi, cette incrimination (36) sur le mode du déficit et de l'insuffisance leur confèrerait une prétendue absence de garantie puisque les Roms feraient montre tout à la fois d'une absence de conformité, de loyauté, de fiabilité de par leur mode de vie, leur rapport à la solidarité. De sorte qu'une défiance catégorielle s'insinue au sein de la société. Une défiance catégorielle qui participe au fondement d'une forme de désordre social.

Peut-être devrions-nous, sans céder aux théories du complot, imaginer que l'agenda politique de l'été laisse quelques plages non occupées dans lesquelles viennent possiblement s'enchâsser les angoisses du moment. La question des Roms est ainsi venue s'intercaler, quitte à ce que son traitement compulsionnel devienne l'actualité et bouscule la mise sur agenda. Mettre ainsi la focale sur les Roms n'est-ce pas s'adonner à un rituel permettant d'exorciser le mal en le projetant sur eux ?

Plus encore, ne s'agit-il pas ainsi de conjurer la crise de confiance qui traverse toute la société en rabattant la défiance généralisée sur une catégorie ? Pour ainsi dire, les Roms en viendraient à incarner l'icône tragique de l'ébranlement de la confiance. Il n'est pas dit qu'il n'existe pas meilleur réducteur d'angoisse et d'insécurité... Comme le rappelle en effet Jean Furtos, « Vivre en permanence en vigilance défensive, favorise un stress qui n'est ni bon à la santé individuelle ni aux liens sociaux ». (37)

 

Bookmark and Share

 

· · · · · ·

 

Veuillez considérer une donation financière. Merci.

· · · · · ·

 

Notice légale

Tous les documents affichés sur le site Web sont assujettis aux droits d'auteur et protégés. Toute reproduction, redistribution ou republication du contenu, en totalité ou en partie, de tout document affiché sur le site Web est expressément interdite, à moins d'autorisation expresse préalable de l'éditeur. "Inlining, mirroring, and framing" sont expressément interdits. Pour toute reproduction sur support papier, contacter l'éditeur. Les publications de Swans sont protégées par copyright, © Ksavijer 2010. Tous droits réservés.

 

À vous la parole

Nous vous invitons à nous faire connaître vos réactions à l'adresse suivante en n'omettant pas vos nom, prénom, et adresse postale, étant entendu que lors de la publication de vos commentaires, seuls paraitront vos noms et votre ville et pays de résidence.

 

L'auteur

Ksavijer est un écrivain qui vit à Lyon (France)   (back)

 

· · · · · ·

 

Notes

1.  Lesquels ont exhumé une figure de l'insécurité - le vagabond - que l'on croyait appartenir davantage aux sociétés préindustrielles. Rappelons que le vagabondage et la mendicité étaient, jusqu'à l'entrée en vigueur du nouveau code de procédure pénale - en mars 1994, un délit réprimé par les articles 277 à 281 de l'ancien code pénal.  (back)

2.  La liste est longue et donc ici non exhaustive : Nice, Montpellier, Canne, Carcassonne, Perpignan, Banyuls, Béziers, Carpentras, Compiègne, Mende, menton, Millau, Pau, La Rochelle, Sète, Tarbes, Toulon, Toulouse, Valence, Chartres, Chalon, Boulogne, Périgueux, Metz, Quimper, Argenteuil..., ou plus récemment encore Nogent-sur-Marne... Lourdes.  (back)

3.  Loi n°2006-911 du 24 juillet 2006 qui vient apporter des modifications au Code de l'Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d'Asile (CESEDA), lequel avait été établi 20 mois auparavant par l'Ordonnance n°2004-1248 du 24 novembre 2004.  (back)

4.  Rappelons que la loi sur l'immigration a été réformée plus de 30 fois depuis 1950, record inégalable.  (back)

5.  In D. Salas, La volonté de punir. Essai sur le populisme pénal, Hachette, 2005 ; cf. également, Jean-Pierre Martin, « Vulnérabilité n'est pas dangerosité », Rhizome, n°39, juillet 2010, p. 15.  (back)

6.  Ce sont ainsi en moyenne tous les 18 mois que voit le jour une nouvelle loi portant sur l'immigration.  (back)

7.  Conformément à la feuille de route évoquée lors du discours de Nicolas Sarkozy prononcé à Grenoble le 30 juillet dernier, « La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de toute personne dépositaire de l'autorité publique ».  (back)

8.  Il est important d'observer les « airs de ressemblance », dans les représentations sociales des différentes figures du pauvre lesquelles allient souvent l'errance et l'oisiveté à la déviance et en vis-à-vis les justifications mobilisées par la puissance publique pour intervenir (principalement l'ordre, la tranquillité, la santé et la sécurité publiques). Sur ce point, cf. Valérie Bertrand, « La mendicité et l'état dangereux : l'historicité des représentations sociales dans le discours juridique », Connexions, n°80, 2003/2, pp. 137-154.  (back)

9.  Cf. Christian Salmon, Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, Editions La Découverte, 2007.  (back)

10.  Le fait est que la défiance se télé-guide.  (back)

11.  Sans tenir la chronique, signalons que le 28 juillet, le Ministre de l'Intérieur avait annoncé, histoire d'hystériser notre été et de rechercher à faire de l'audience en plein été, que la moitié des camps illégaux de Roms et de gens du voyage seraient démantelés dans les trois mois. Le ministre avait chiffré à environ 300 le nombre de « camps ou squats » recensés dans le pays. Il y aura reconduite « quasi immédiate », vers la Bulgarie ou la Roumanie, des Roms « qui auraient commis des atteintes aux biens ou des fraudes », avait aussi assuré Brice Hortefeux à l'issue d'une réunion à l'Elysée autour de Nicolas Sarkozy sur la question des Roms et des gens du voyage. Le décor est planté.  (back)

12.  in Louis Quéré, « La structure cognitive et normative de la confiance » , Réseaux, 2001/4, n°108, pp. 125-152.  (back)

13.  Selon G. Simmel, « Celui qui sait tout n'a pas besoin de faire confiance, celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement même pas faire confiance », cf. Sociologies, études sur les formes de la socialisation, PUF, 1999, pp. 355-356.  (back)

14.  C'est un concept que Quéré semble reprendre à Claus Offe, cf. « How we trust our fellow citizens », in Warren M.E. (ed.), Democracy and Trust, Cambridge University Press, pp. 42-88. La confiance catégorielle « consiste à accorder confiance à quelqu'un sur la base de son appartenance à un groupe, à un collectif ou à une catégorie, étant entendu que la fiabilité et la loyauté (nous y reviendrons) figurent dans les propriétés attribuées à ce groupe, ce collectif ou cette catégorie ».  (back)

15.  Cf. Louis Quéré, « Les dispositifs de confiance », Réseaux, 2005/4, n°132, pp. 185-217. Nous entendons ici dispositif dans l'acception proposée par Gilles Deleuze, à savoir, un dispositif est « une machine à faire voir et à faire parler », in « Qu'est-ce qu'un dispositif », Michel Foucault philosophe, Editions du Seuil 1989.  (back)

16.  Je pense notamment à l'ouvrage d'Eric Chauvier, Anthropologie, Editions Allia, 2006, à l'action de Romeurope cf. www.romeurope.org, à l'exposition - du 17 juin au 24 décembre 2010 - au Centre d'Histoire et de la Déportation de Lyon, intitulée « Voyages pendulaires, des Roms au cœur de l'Europe. Photographies de Bruno Amsellem », ou encore au regard attentif de Pablo Chignard, cf. www.pabloc.com/REPORTAGES/rar.html  (back)

17.  Autrement formulé, on pourrait aussi parler d'entreprise de « paralysation de la confiance », notamment à partir des discours publics tenus.  (back)

18.  In Jean Furtos, « Contribution à la notion de paranoïa sociale », Rhizome, n°39, juillet 2010, pp. 1-3., pour ce dernier, « La paranoïa sociale est une méfiance à tendance généralisée, l'un des signes les plus sérieux de la précarité qui fait perdre aux membres d'un groupe la confiance mutuelle nécessaire pour vivre en société »  (back)

19.  Le 23 octobre 2008, Jean-Baptiste Duez écrivait un papier intitulé « Ces Roms qui font peur à l'Europe », in La vie des idées, accessible en ligne : http://www.laviedesidees.fr/Ces-Roms-qui-font-peur-a-l-Europe.html . Force est de constater que près de deux ans plus tard, la peur se ferait encore plus pressante.  (back)

20.  Je reprends ici ce néologisme introduit par Gilles Herreros (in Au-delà de la sociologie des Organisations. Sciences sociales et interventions, Editions Erès, 2008, pp. 113-115), lequel est préféré à l'avènement du fait qu'il ne s'agit pas d'une création ex nihilo, mais d'une mise à jour. La question des Roms n'est pas nouvelle, elle n'a pas attendu l'été 2010 pour exister : « ce qui advient se trouve dans un processus d'éclosion sans réel commencement ni fin ». C'est une actualisation sociale d'une réalité justifiant d'une plus grande profondeur historique que la représentation médiatique veut bien nous en dire.  (back)

21.  cf. Herbert Blummer, « Social problems as Collective Behavior », Social Problems, Berkeley, n°3, 1971.  (back)

22.  Expression reprise à Furtos, ibid.  (back)

23.  Ce processus de « refoulement » est pathogène en ce qu'il crée des symptômes.  (back)

24.  cf. l'article déjà cité de Donzelot et Jaillet, p. 16.  (back)

25.  « Forme subtile d'expulsion basée sur un principe de volontariat (sic). N'en déplaise aux resquilleurs, l'on promet que dès le 1er septembre, le fichier Oscar (outil de contrôle des « aides au retour humanitaire » à différencier des aides au retour volontaire, plus conséquentes, mais dédiées aux étrangers qui ne sont pas des ressortissants européens) déjà actif sous forme de bases de données comprenant l'identité des personnes ayant bénéficié de l'aide au retour, sera activé dans sa partie biométrie ».  (back)

26.  Cf. Valérie Bertrand, article cité précédemment, p. 14  (back)

27.  « Les Français sont le peuple européen dont les citoyens ont le plus peur de basculer dans le déclassement, la pauvreté, la précarité ou l'exclusion. », in Alain Ehrenberg, La société du malaise, Odile Jacob, janvier 2010, p. 329.  (back)

28.  La figure du SDF matérialisant les angoisses de perte (du logement, des liens, du travail).  (back)

29.  47% des français a peur de devenir SDF, selon le sondage Association Emmaüs / BVA, novembre 2007. La peur de la marginalisation, de la désescalade et de la chute sociale rongerait ainsi la société française.  (back)

30.  Rappelons au passage que les roumains et bulgares sont depuis le 1er janvier 2007 citoyens européens.  (back)

31.  Ce qui est pour partie paradoxal puisque les ressortissants roumains et bulgares sont aux prises avec un régime transitoire, lequel leur restreint l'accès au travail salarié jusqu'en 2014. Pour travailler, ils doivent demander une carte de séjour, au-delà de trois mois de présence en France. Cette carte de séjour ne sera délivrée aux travailleurs salariés que si l'autorisation de travail leur a été accordée, sauf les titulaires d'un diplôme obtenu en France et de niveau Master et ceux qui exercent un métier en tension (par ex. aide-soignant). Ils sont soumis à une autorisation préalable (laquelle doit être demandée par le futur employeur à l'Unité Territoriale de la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi (ex-DDTEFP) qui vérifiera la situation de l'emploi dans la profession pour laquelle la demande est formulée). L'administration peut ainsi refuser une autorisation de travail si elle estime que le niveau de chômage est trop important. Si elle est accordée, l'employeur se devra de s'acquitter d'une taxe avoisinant 200 à 300€ auprès de l'Office Français de l'Immigration et de l'Intégration.  (back)

32.  « Selon l'article R. 121-3 du Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile. Il s'agit en fait d'une disposition présente dans le droit communautaire depuis 1990 mais qui n'est transposée dans le droit français que par la loi du 24 juillet 2006 ». Au-delà de trois mois de présence, le droit au séjour est subordonné à la condition de détenir un emploi (salarié ou non salarié), d'être étudiant ou encore de disposer d'une assurance maladie et de ressources suffisantes.  (back)

33.  Cf. « Circulation entravée, installation découragée. La construction européenne au miroir des Roms », in Cette France-là, volume 2, passage repris sur le site du collectif Les mots sont importants, cf. http://lmsi.net/  (back)

34.  cf. le rapport annuel de Romeurope, collectif dont la coordination est assurée par Médecins du Monde , www.romeurope.org  (back)

35.  cf. Jacques Donzelot et Marie-Christine Jaillet, « Fragmentation urbaine et zones défavorisées : le risque de désolidarisation », Hommes et Migrations, n°1217, janv-fév. 1999, pp. 5-17. Le verrou de l'obligation sociale est en train de sauter.  (back)

36.  « L'incrimination n'est donc pas fondée sur des agissements antisociaux mais sanctionne un comportement impliquant une certaine probabilité que l'intéressé commette une infraction plus ou moins déterminable », selon V. Bertrand, ibidem.  (back)

37.  « Le pourcentage des personnes qui se trouvent d'accord avec l'affirmation : "Most people would try to take advantage of you if they got the chance" (la plupart des gens essaieraient de profiter de vous s'ils le pouvaient) était fortement corrélée avec le taux de mortalité, ajusté selon l'âge et le revenu. » Selon K. Lochner, I. Kawachi et B. Kennedy, « Social capital : A guide to its measurement » in Health & Place, n°5, 1999, pp. 259-270.  (back)

 

· · · · · ·

 

Ressources internes

Le coin français

Le reste en anglais

· · · · · ·

 

This edition's other articles

Check the front page, where all current articles are listed.

 

Also...

Check our past editions, where the past remains very present.


· · · · · ·

 

[About]-[Past Issues]-[Archives]-[Resources]-[Copyright]

 

 

Swans -- ISSN: 1554-4915
URL for this work: http://www.swans.com/library/art16/zig101.html
Published September 6, 2010



THE COMPANION OF THINKING PEOPLE